Transition ou effondrement?

Cela fait un certain temps que je n’ai pas alimenté le blogue, histoire de problèmes de santé. Je crois que cela est en train d’être réglé et me voici donc de nouveau.

 

NOTE: Cet article est écrit au moment du 50e anniversaire du Jour de la Terre. J’ai tenu un kiosque lors du premier Jour de la Terre en 1970, mettant un accent sur les enjeux associés aux contenants de boisson à usages multiples, à usage unique et en métal. Il me semble, devant le constat d’une dégradation planétaire constante depuis 1970, que la transformation du 50e Jour de la Terre en exercice virtuel en raison de la COVID-19 et alors que la Terre semble se préparer pour un effondrement quelconque met en lumière sa grande inutilité et la nécessité de changer d’approche…

NOTE+: Dans les heures suivant la mise en ligne de cet article, j’ai découvert et visionné (1 heure 40 minutes) un nouveau documentaire de Michael Moore.  Dans Planet of the Humans, c’est Jeff Gibbs qui est mis en évidence, Moore s’étant réservé le rôle de producteur exécutif pour le film percutant. Pour Moore, c’est peut-être seulement un autre film à dénonciation, mais pour moi, il me paraît être un film digne du coronavirus et d’un effondrement en cours. La dénonciation de base et qui occupe tout le film en est une des environnementalistes (s’y trouvent The Sierre Club, Bill McKibben et 350.org, Al Gore, entre autres), qui ne comprennent pas la nature de la crise actuelle et restent pris dans leur effort en cours depuis des décennies de continuer à gérer les problèmes maintenant catastrophiques de notre civilisation «thermo-industriele» (terme européen qui ne se trouve pas dans le film). C’est le thème de base de ce blogue depuis maintenant sept ans et c’est consolant de me retrouver en bonne compagnie dans la critique. Le film termine avec un passage sur le Jour de la Terre, dans le sens de ma NOTE,

 

Le 30 mars dernier, des étudiantes à la maîtrise des HEC, Geneviève Delisle et Camille-Mathilde Théron, ont organisé un webinaire où Philippe Gauthier et moi étions panelistes; on peut suivre Gauthier sur son blogue sur les enjeux énergétiques, dont plusieurs articles récents,. Le thème était «Transition écologique et pandémie: Webinaire sur l’effondrement» et l’activité s’est divisée en deux parties portant sur les questions: (i) La COVID-19 entraine une prise de conscience collective. Selon vous, par quoi se traduit-elle? (ii) Comment imaginez-vous la société post effondrement? C’est maintenant sur youtube.

Capture d’écran 2020-04-24 à 11.40.04

 

C’était intéressant d’y participer, cela surtout en fonction de perspectives différentes qui émergeaient entre Gauthier et moi au fil des échanges, lui je crois étant plutôt confiant que la crise actuelle du coronavirus allait passer sans laisser trop de dommages, alors que j’y vois une situation qui m’oblige à mettre en question l’argument de mon livre Trop Tard: La fin d’un monde et le début d’un nouveau à l’effet que nous nous dirigeons vers un effondrement.

J’ai commencé ma courte présentation en faisant référence au travail de Thomas Homer-Dixon, un de mes analystes préférés depuis des années et dont je venais de relire The Upside of Down: Catastrophe, Creativity and the Renewal of Civilisation (2006) où il esquisse un groupe de «stress tectoniques» qui risquent de mettre à terre notre civilisation; même si le livre datait d’une quinzaine d’année, il était d’une pertinence remarquable en ce moment du coronavirus – et il venait de publier dans The Globe and Mail un article perspicace sur la question. En 2015, Homer-Dixon avait déjà publié avec d’autres un article qui mettait l’accent sur le coeur de l’argument de son livre, les perspectives pour l’arrivée d’une série déchecs suivant les stress tectoniques qui arrivent en même temps en fonction de leurs interrelations (synchronous failure). Le lendemain, j’ai trouvé une vidéo de Nafeez Ahmed qui insérait le tout cans le contexte de la crise actuelle et datant du 31 mars (on peut lire aussi le texte auquel Ahmed fait référence dans la vidéo et qui date du 5 mars).

Alors que je suivais dans mon livre, et dans ce blogue, l’analyse de Halte à la croissance qui met l’accent sur un déclin du pétrole conventionnel et l’effondrement conséquent de la production industrielle au coeur de notre civilisation, je me trouve, avec la crise actuelle, devant la possibilité d’un effondrement mais où le pétrole risque d’être plutôt abondant parce que la demande aura baissé dramatiquement en raison des impacts de la crise en cours. Il semble y avoir des éléments possibles d’une véritable «décroissance» obligatoire qui éviterait l’effondrement tel que préconisé.

 

 

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