Images saisissantes, études presque inutiles

J’ai récemment eu l’occasion de regarder sur Explora l’émission Peuples des fleuves portant sur le Gange de l’Inde. Comme elle le devait, elle présentait le portrait d’un grand fleuve dont les origines dans les glaciers des Himalayas sont en régression, dont les abords sont peuplés de dizaines sinon de centaines de millions de personnes plutôt pauvres dans ce pays le deuxième plus peuplé du monde. Le fleuve est grossièrement pollué de toutes les façons imaginables et sur presque toute sa longueur, mais les nombreuses traditions religeuses associées à ce fleuve continuent dans leur tradition d’un fleuve dont l’eau est vierge tout en reconnaissant que ce n’est pas le cas.Célébration religieuse sur un ghat au bord du Gange, à Varanasi

 

Que pensent nos chercheurs et nos décideurs?

À peu près en même temps, un ami m’a rappelé le travail de la Banque mondiale depuis 2012 pour produire la série Turn Down the Heat; elle cible l’urgence de contrôler les changements climatiques et de régler la pauvreté trop présente dans le monde. J’ai regardé le rapport de la série qui était déjà dans mes dossiers, le rapport de juin 2013 portant sur l’Afrique sub-saharienne, l’Asie du sud-est et l’Asie du sud (et donc incluant l’Inde), me limitant au résumé exécutif. J’aurais pu continuer, comme j’ai fait l’été dernier avec toute la série de rapports préparatoires à la COP21 de Paris en décembre prochain, lire l’ensemble et les commenter dans une série d’articles pour le blogue. Finalement, après la trentaine de pages du résumé, je n’en avais pas le goût.

J’étais laissé plutôt songeur en voyant de si importantes institutions et des chercheurs chevronnés abonder dans l’optimisme devant les rapports accablants. Jim Yong Kim, Président du Groupe de la Banque mondiale, ouvre le bal dans le document de 2013  avec une préface qui insiste, après des décennies d’efforts de la Banque mondiale plutôt infructueux dans un moindre contexte de crise, que nous avons toutes les raisons d’être optimistes :

Le Groupe de la Banque mondiale a pour mission d’éliminer la pauvreté extrême et de construire une prospérité partagée. Nous avons aujourd’hui toutes les raisons de croire qu’il nous sera possible d’éliminer la pauvreté extrême d’ici 2030. Cependant, nous devrons pour cela nous attaquer au problème du changement climatique… Le rapport «Turn Down the Heat» avait sonné l’alarme. La présente analyse scientifique examine d’une manière plus approfondie comment les conséquences négatives du changement climatique déjà en cours pourraient engendrer des conditions catastrophiques, en particulier pour ceux qui sont les moins à même de s’adapter. Ce sont les plus pauvres qui, de plus en plus, risquent d’être touchés le plus durement…

Les chercheurs dressent le portrait effrayant d’un monde aux prises avec des phénomènes climatiques extrêmes semant la dévastation et la misère. Dans beaucoup de cas, les vagues de chaleur extrême, l’élévation du niveau de la mer, les tempêtes de plus grande intensité, les sécheresses et les inondations menaceront les populations les plus pauvres et les plus vulnérables du monde… En Asie du sud, les perturbations prévues du régime de mousson et la hausse des températures de pointe font peser une grave menace sur les ressources en eau et en aliments. La sécurité énergétique est elle aussi menacée…

Je ne crois pas que les répercussions envisagées par les scientifiques sur les moyens d’existence des pauvres sont inévitables. Je reste au contraire convaincu que nous pouvons réduire la pauvreté même dans un monde aux prises avec les sérieux défis du changement climatique. Nous pouvons contribuer à rendre les villes moins polluées et mieux adaptées à la modification du climat, élaborer des méthodes d’agriculture à l’épreuve du changement climatique, et trouver des moyens novateurs pour améliorer le rendement énergétique et la performance des systèmes basés sur les énergies renouvelables.

Nous sommes déterminés à travailler avec les pays à la recherche de solutions. Les données scientifiques sont incontournables : rien ne saurait remplacer la mise en place d’objectifs nationaux rigoureux de réduction des émissions. Le fardeau de la réduction des émissions repose aujourd’hui sur quelques pays avancés… J’espère que le présent rapport contribuera à convaincre tout le monde que les avantages d’une intervention vigoureuse et rapide pour lutter contre le changement climatique en valent largement la chandelle. Le réchauffement planétaire fragilise notre avenir. Nous devons relever ce défi en faisant preuve de volonté politique, d’intelligence et d’invention. C’est ainsi que nous pourrons créer des sociétés qui soulagent la misère d’autrui, aident les pauvres à échapper à la pauvreté et permettent à tous, jeunes et vieux, de jouir de meilleures conditions d’existence.

Joignez-vous à nous pour faire de ce souhait une réalité. Les succès que nous remporterons et les échecs que nous subirons dans cette lutte contribueront à définir notre génération. (p.vii-ix)

Nous ne savons pas si cet autre Koréen, Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations Unies, abonde dans le même sens que Jim Yong Kim. Il a manifesté son «unwavering support» l’an dernier pour le travail du Deep Decarbonization Pathways Project (DDPP), groupe sous la direction de Jeffrey Sachs s’étant donné l’objectif de  fournir le portrait du potentiel pour maintenir la hausse de température en dessous de 2 degrés; clé dans les objectifs du projet: respecter le budget carbone calculé par le GIEC. Ban Ki-Moon a convoqué la rencontre de septembre dernier pour stimuler les travaux préparatoires pour la COP21, objectif également du DDPP.

Le DDPP a publié son premier rapport pendant cette rencontre aux Nations Unies l’an dernier et a promis, «dans la première moitié de 2015», un rapport plus complet qui aborderait les enjeux sociaux, politiques et économiques encore plus problématiques que ceux, technologiques, du rapport de 2014. Le site de l’organisation ne semble pas avoir été mis à jour depuis quelques mois (mais il y a une brève entrée sous la rubrique News concernant l’Australie), cette promesse se trouvant toujours – en parlant de l’avenir – sous la rubrique «échéancier» (timeline). Un effort de faire le contact par courriel, suivant l’adresse fournie par le site, aboutit à un message que le propriétaire de l’adresse n’existe pas…

[NOTE du 3 septembre: J’ai contacté David Roberts, blogueur de Grist pendant 10 ans et maintenant de Vox, parce que lui avait souligné comme moi l’importance des travaux du DDPP, pour voir s’il en connaissait quelque chose. La réponse de son contact dans l’organisation n’a pas tardé: «The 2015 report will be released in late 2015 before & we’re relaunching the site in a few weeks!» Aucune explication fournie quant au retard d’une demi-année, ni quant au délaissement du site web…].

J’ai de la difficulté à croire que le groupe de Sachs ne produira pas éventuellement un rapport qui montrera, comme promis, qu’il est possible technologiquement, économiquement et socialement de respecter l’objectif de maintenir la hausse de température en dessous de 2 degrés. En même temps, et en partant du rapport de 2014 (plus une foule d’autres documents), je crois qu’il n’est tout simplement pas possible de relever ce défi et que l’échec du groupe explique possiblement le retard dans la publication de son deuxième rapport.

En regardant ailleurs

Plutôt que de poursuivre la lecture des documents de la série de la Banque mondiale, j’ai décidé de consulter le site web du Potsdam Institute for Climate Impact Research, le centre de recherche responsable pour la production de la série. À la page d’accueil, on trouve un seul article en évidence: «CO2 removal cannot save the oceans – if we pursue business as usual» ; il reprend la réflexion de Naomi Klein sur la géoingéniérie comme «dernier ressort», dans ce cas, sur la possibilité d’extraire les GES de l’atmosphère – bien plus grand comme défi que le simple capture et séquestration du carbone que nous ne réussissons toujours pas à mettre en place, pour des raisons technologiques, logistiques et économiques.

On voit, parmi les communiqués de presse sur le site, référence (mai 2015) à une étude qui démontre qu’une réduction des émissions pour permettre de limiter la hausse de la température à moins de 1,5 degrés est technologiquement possible et présente des scénarios énergie-économie-environnement pour le montrer; le texte est publié dans le journal Nature Climate Change, par des chercheurs du International Institute for Applied Systems Analysis (IIASA), du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK), et d’autres, mais il n’est pas accessible par opensource. Les travaux semblent avoir été extrêmement poussés:

“In 1.5 degrees Celsius scenarios, the remaining carbon budget for the 21st century is reduced to almost half compared to 2 degrees Celsius scenarios,” explains PIK researcher Gunnar Luderer, who co-led the study. “As a consequence, deeper emissions cuts are required from all sectors, and global carbon neutrality would need to be reached 10-20 years earlier than projected for 2 degrees Celsius scenarios.”

Ce récent article, qui date d’une période après la publication du DDPP l’an dernier, va encore plus loin que le DDPP et, présumément, comme le veut le DDPP, tient compte du budget carbone du GIEC.

D’autres articles sur le site du Potsdam Institute portent sur les défis de l’urbanisation et les approches à favoriser, ou sur les résultats de travaux qui indiquent que nous avons déjà dépassé les frontières de quatre des neufs systèmes planétaires jugés fondamentaux et à ne pas transgresser. Parmi les quatre où le dépassement est constaté se trouve celui des changements climatiques… Comme note l’article, en parlant de l’objectif de ne pas dépasser 2 degrés : “Our analysis suggests that, even if successful, reaching this target contains significant risks for societies everywhere,” said Rockström. “Two degrees must therefore be seen not only as a necessary but also a minimum global climate target.”

J’étais frappé par un autre article sur le besoin d’une nouvelle révolution industrielle. Le rapport souligne – sans en saisir l’ironie – que l’Académie des sciences des États-Unis (PNAS) avait analysé le sujet il y a vingt ans, l’étude manquant de la précision par rapport à ce qu’il est possible aujourd’hui de faire.

« The large scale transformation of the energy infrastructure to significantly reduce greenhouse gas emissions would be no walk in the park,” says Sangwon Suh of the Bren School of Environmental Science & Management at the University of California in Santa Barbara, co-editor of the special feature. “It would entail a fundamental change in material flows. Ramping up renewable energy production capacity, for instance, leads to much larger flux of specialty metals than today. In order to achieve a smooth transition toward a low-carbon energy future, therefore, we need to fundamentally redraw the material picture of our economy. »

Rien que ça. Le texte continue:

It is more than twenty years since PNAS published a similar roundup of insights in this area of research. At that time, the analysis was largely devoid of data and sometimes rather conceptual in nature, whereas the studies now published assess societies’ metabolism in a quantitative way. Also, this strand of research has moved from case-studies to analyses of global material systems and their interaction with society and the environment. Thus the PNAS special feature for the first time outlines industrial ecology as frontier science.

Vieilles informations, vieux portraits

Finalement, on se trouve en terrain familier, en continuité avec les décennies d’interventions du mouvement environnemental, suivant celles des chercheurs. Les données deviennent de plus en plus précises, les analyses deviennent de plus en plus sophistiques, permettant d’étoffer les portraits des problématiques esquissés déjà par Halte et étalés depuis des décennies. Les résultats devraient nous faire peur, les projections auraient dû nous faire peur il y a 40 ans; des solutions existent qui nous font peur au fur et à mesure que nous n’agissons pas et le scénario «business as usual» se poursuit. On peut toujours espérer que la pression venant d’un nombre important de citoyens puisse faire bouger les décideurs: 350.org reste en place, manifestant l’espoir que quelque chose va changer, sans qu’il n’y ait le moindre fondement pour cela.

Aucune étude ne porte, en fait, sur ce qui fait bouger les décideurs, sinon des bibliothèques complètes qui suivent l’histoire décisionnelle des dernières décennies fondée dans la volonté de poursuivre avec une inertie presque complète le modèle économique qui cherche la croissance comme priorité. Potsdam, comme les grandes institutions internationales, comme les sources scientifiques des mouvements environnemental et social, abondent en informations – comme c’est le cas depuis des décennies. Ce qui manque dans cette information est celle qui nous montre pourquoi nous insistons pour nous diriger vers le mur. Autant la société civile partout a de la difficulté à sortir de l’inertie des habitudes de longue date, autant les décideurs ont le même problème, nulle part fournissant la moindre suggestion qu’ils sont capables de sortir de leur propre inertie inspirée par leurs conseillers en économie et en finances – et profondément inscrite dans les populations qu’ils desservent et qui les élisent (pour ce qui est des pays démocratiques).

Pourtant, nous avons quotidiennement des spectacles, comme Peuples des fleuves, qui ont tout ce qui semble nécessaire pour nous faire bouger…

Je me trouvais récemment à relire une réflexion produite en 2000 par Matthew Simmons, gestionnaire financier d’importants investissements en énergie et ultimement membre de l’Association pour l’étude du pic du pétrole (avant sa mort en 2010); la réflexion portait sur sa découverte de Halte à la croissance. Comme les études qui sortent sans arrêt, et qui fournissent surtout des précisions sur des enjeux débattus depuis longtemps, on n’apprend pas quelque chose de nouveau de la lecture de « Revisiting The Limits to Growth: Could The Club of Rome Have Been Correct, After All? » On est bien plutôt frappé par l’inspiration nécessaire pour intervenir de façon utile face à ce qui est prévisible depuis des décennies – et qui arrive. Il y a 15 ans, Simmons voyait les auteurs de Halte manifestant encore de l’espoir:

The book [Halte] closes on a poignant note: « Our posture is one of very grave concern – but not of despair…… It may be within our reach to provide reasonably large populations with a good material life plus opportunities for limitless individual and social development. »

Les auteurs étaient quand même profondément inquiets. Simmons poursuit dans son propre texte le travail de Halte 30 ans auparavant, avec les données à jour, dans le domaine où il est expert, l’énergie, projetant les tendances, voire les espoirs de nombreuses populations du globe, pour aboutir, en 2030, à des situations tout simplement absurdes (comme font ceux qui font des projections en matière de changements climatiques de nos jours, sur une base constante). Et de conclure Simmons:

But, another 10 years of neglect to these profound issues will probably leave any satisfying solutions too late to make a difference. In hindsight, The Club of Rome turned out to be right. We simply wasted 30 important years by ignoring this work.

En 2012, plus de 10 ans plus tard, je suis intervenu sur le site d’ÉconomieAutrement pour refaire la même réflexion que Simmons, mettant un accent sur l’analyse de systèmes qui anime Halte et qui nous met devant l’ensemble des problématiques en projetant les tendances ou les espoirs. J’y répondais à un de nos leaders dans le monde de l’économie qui insistait qu’à son avis nous ne devrons pas nous immiscer dans des débats démographiques. J’ai pu y mettre un accent sur la Chine, dont la loi d’un seul enfant a permis d’éviter la naissance d’environ 400 millions de Chinoi(es)s alors que le pays était déjà surpeuplé. Suivant la réflexion, l’Inde et les autres pays de BRICS font partie du portrait qui aboutit à la question qui a débuté cet article: Comment les leaders du monde peuvent-ils ne pas voir que nous nous dirigeons vers le mur, que l’économie verte est une illusion et que nous devons ne pas perdre encore 30 ans – disons plutôt 10 – en fonçant dans le mur?

 

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8 Commentaires

  1. J’invite les lecteurs de ce blogue à suivre cette conférence toute récente prononcée cet été par Pablo Servigne, ainsi que la période d’échanges qui a suivi.

    La conférence : https://www.youtube.com/watch?v=2b6npw-xgvM

    Les questions et commentaires : https://www.youtube.com/watch?v=NnOINdjKay4

    • Sylvie Woods

      Votre réflexion et vos critiques, M. Mead, sont essentielles. Cependant, au Québec, il est quasiment tabou de parler de réchauffement climatique et de dépassement de seuils critiques des écosystèmes. Ce sont toujours les mêmes groupes et les mêmes soi-disant experts «labellisés» par les médias qui radotent leur idéologies.

      Pour poursuivre une réflexion et des pistes d’actions concrètes pour commencer à se préparer à un effondrement de notre société axée sur la croissance, un groupe de scientifiques suédois appelé Alliance Résilience, s’avèreront fort utiles pour les gouvernements et les citoyen-nes. Je vous propose leur site : http://www.resalliance.org/ Ce groupe vient de publier mise à jour d’une étude sur les 9 seuils des systèmes de la terre.

      *******

      Voici le résumé publié dans la revue Science en janvier 2015, mais il faut commander l’article complet : Published Online January 15 2015 Science 13 February 2015: Vol. 347 no. 6223 DOI: 10.1126/science.1259855 •Research Article

      Planetary boundaries: Guiding human development on a changing planet

      Will Steffen1,2,*, Katherine Richardson3, Johan Rockström1, Sarah E. Cornell1, Ingo Fetzer1, Elena M. Bennett4, Reinette Biggs1,5, Stephen R.Carpenter6, Wim de Vries7,8, Cynthia A. de Wit9, Carl Folke1,10, Dieter Gerten11, Jens Heinke11,12,13, Georgina M. Mace14, Linn M. Persson15, Veerabhadran Ramanathan16,17, Belinda Reyers1,18, Sverker Sörlin19

      +
      Author Affiliations
      1Stockholm Resilience Centre, Stockholm University, 10691 Stockholm, Sweden.
      2Fenner School of Environment and Society, The Australian National University, Canberra, ACT 2601, Australia.
      3Center for Macroecology, Evolution, and Climate, University of Copenhagen, Natural History Museum of Denmark, Universitetsparken 15, Building 3, 2100 Copenhagen, Denmark.
      4Department of Natural Resource Sciences and McGill School of Environment, McGill University, 21, 111 Lakeshore Road, Ste-Anne-de-Bellevue, QC H9X 3V9, Canada.
      5Centre for Studies in Complexity, Stellenbosch University, Private Bag X1, Stellenbosch 7602, South Africa.
      6Center for Limnology, University of Wisconsin, 680 North Park Street, Madison WI 53706 USA.
      7Alterra Wageningen University and Research Centre, P.O. Box 47, 6700AA Wageningen, Netherlands.
      8Environmental Systems Analysis Group, Wageningen University, P.O. Box 47, 6700 AA Wageningen, Netherlands.
      9Department of Environmental Science and Analytical Chemistry, Stockholm University, 10691 Stockholm, Sweden.
      10Beijer Institute of Ecological Economics, Royal Swedish Academy of Sciences, SE-10405 Stockholm, Sweden.
      11Research Domain Earth System Analysis, Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK), Telegraphenberg A62, 14473 Potsdam, Germany.
      12International Livestock Research Institute, P.O. Box 30709, Nairobi, 00100 Kenya.
      13CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organization), St. Lucia, QLD 4067, Australia.
      14Centre for Biodiversity and Environment Research (CBER), Department of Genetics, Evolution and Environment, University College London, Gower Street, London WC1E 6BT, UK.
      15Stockholm Environment Institute, Linnégatan 87D, SE-10451 Stockholm, Sweden.
      16Scripps Institution of Oceanography, University of California at San Diego, 8622 Kennel Way, La Jolla, CA 92037 USA.
      17TERI (The Energy and Resources Institute) University, 10 Institutional Area, Vasant Kunj, New Delhi, Delhi 110070, India.
      18Natural Resources and the Environment, CSIR, P.O. Box 320, Stellenbosch 7599, South Africa.
      19Division of History of Science, Technology and Environment, KTH Royal Institute of Technology, SE-10044 Stockholm, Sweden.
      ↵*Corresponding author. E-mail: will.steffen@anu.edu.au

      Editor’s Summary

      INTRODUCTION
      There is an urgent need for a new paradigm that integrates the continued development of human societies and the maintenance of the Earth system (ES) in a resilient and accommodating state. The planetary boundary (PB) framework contributes to such a paradigm by providing a science-based analysis of the risk that human perturbations will destabilize the ES at the planetary scale. Here, the scientific underpinnings of the PB framework are updated and strengthened.

      RATIONALE
      The relatively stable, 11,700-year-long Holocene epoch is the only state of the ES that we know for certain can support contemporary human societies. There is increasing evidence that human activities are affecting ES functioning to a degree that threatens the resilience of the ES—its ability to persist in a Holocene-like state in the face of increasing human pressures and shocks. The PB framework is based on critical processes that regulate ES functioning. By combining improved scientific understanding of ES functioning with the precautionary principle, the PB framework identifies levels of anthropogenic perturbations below which the risk of destabilization of the ES is likely to remain low—a “safe operating space” for global societal development. A zone of uncertainty for each PB highlights the area of increasing risk. The current level of anthropogenic impact on the ES, and thus the risk to the stability of the ES, is assessed by comparison with the proposed PB (see the figure).

      RESULTS
      Three of the PBs (climate change, stratospheric ozone depletion, and ocean acidification) remain essentially unchanged from the earlier analysis. Regional-level boundaries as well as globally aggregated PBs have now been developed for biosphere integrity (earlier “biodiversity loss”), biogeochemical flows, land-system change, and freshwater use. At present, only one regional boundary (south Asian monsoon) can be established for atmospheric aerosol loading. Although we cannot identify a single PB for novel entities (here defined as new substances, new forms of existing substances, and modified life forms that have the potential for unwanted geophysical and/or biological effects), they are included in the PB framework, given their potential to change the state of the ES. Two of the PBs—climate change and biosphere integrity—are recognized as “core” PBs based on their fundamental importance for the ES. The climate system is a manifestation of the amount, distribution, and net balance of energy at Earth’s surface; the biosphere regulates material and energy flows in the ES and increases its resilience to abrupt and gradual change. Anthropogenic perturbation levels of four of the ES processes/features (climate change, biosphere integrity, biogeochemical flows, and land-system change) exceed the proposed PB (see the figure).

      CONCLUSIONS
      PBs are scientifically based levels of human perturbation of the ES beyond which ES functioning may be substantially altered. Transgression of the PBs thus creates substantial risk of destabilizing the Holocene state of the ES in which modern societies have evolved. The PB framework does not dictate how societies should develop. These are political decisions that must include consideration of the human dimensions, including equity, not incorporated in the PB framework. Nevertheless, by identifying a safe operating space for humanity on Earth, the PB framework can make a valuable contribution to decision-makers in charting desirable courses for societal development.

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      Current status of the control variables for seven of the planetary boundaries.
      The green zone is the safe operating space, the yellow represents the zone of uncertainty (increasing risk), and the red is a high-risk zone. The planetary boundary itself lies at the intersection of the green and yellow zones. The control variables have been normalized for the zone of uncertainty; the center of the figure therefore does not represent values of 0 for the control variables. The control variable shown for climate change is atmospheric CO2 concentration. Processes for which global-level boundaries cannot yet be quantified are represented by gray wedges; these are atmospheric aerosol loading, novel entities, and the functional role of biosphere integrity.

      *******

      De plus, il me semble que l’auteur Ivan Illich, avec ses nombreux ouvrages, nous serait d’une grande utilité, lui qui faisait déjà en 1970 l’épilogue des sociétés industrielles en décortiquant comment les humains ont été privés de leur autonomie personnelle, sociale et économique en se soumettant à une société de services organisés selon des monopoles radicaux (transport automobile, corps médical et ses institutions, énergie, habitat industriel, etc. De plus, ses monopoles sont devenus contre-productifs en générant les maux dont nos sociétés souffrent en ce moment tout en détruisant les écosystèmes.

      • Il était question justement des systèmes limite dans (je crois) l’entrevue de Pablo Servigne avec Mediapart, mentionnée dans les échanges sur l’article sur le catastrophisme.

  2. Raymond Lutz

    Mme Woods, merci pour le lien vers resalliance (en le suivant j’ai fini par revenir à Montréal avec un clic vers les serres Lufa!)

    À ce sujet, M. Mead, l’agriculture urbaine (et surtout celles non-conventionnelles: aquaponique, insectes, etc) peut-elle soutenir de faible densités urbaines ou est-ce un cul de sac comme les énergie renouvelables?

    Mme Woods, vous écrivez « Cependant, au Québec, il est quasiment tabou de parler de réchauffement climatique et de dépassement de seuils critiques des écosystèmes. »

    Hmm, Y a-t-il des media mainstream quelque part sur la planète qui discutent des ces sujets avec l’importance qu’ils méritent?

    Aux Rencontres Déconnomiques d’Aix-en-Provence où Servigne présentait leur bouquin (liens sur cette page, proposés par P.A. Cotnoir) il y avait, quoi, 20 personnes dans l’assistance? Assis sur le gazon. Pas de cameras, pas de journaliste. Une recherche Google ne révèle AUCUN média grand public mentionnant l »ouvrage de Servigne et Stevens en France ni Belgique..

    Je crois que le tabou est planétaire et pas spécifiquement québécois…

    • Sylvie Woods

      Bonjour M. Lutz,

      Ivan Illich dans sa longue réflexion sur les institutions occidentales, dont il démontrait le caractère mutilant et aliénant, incluait les médias officiels qui se font le relais des idéologies dominantes aves ses politiciens professionnels (médecins, avocats, hommes d’affaires JOURNALISTES,) et autres experts mandatés par les gouvernements en place pour nous vendre toujours plus de croissance économique, de services offerts par les professionnels et tous les monopoles que ceux-ci ont mis en place (transport=automobile, énergie=pétrole, santé=pouvoir médical, habitat=marché des promoteurs immobiliers). Bref, la marchandisation du monde entamée en 1950, comme l’aboutissement du christianisme religieux élaboré sur plusieurs siècles et ayant débuté vers 1500, nous dit Illich, qui a relégué son pouvoir maternel d’offre de services (hospices, écoles, services sociaux) à l’État providence. Enfin… Pour des médias qui parlent du réchauffement climatique et de l’écologie en général, mais surtout concernant les États-Unis (mais ces problématiques sont planétaires et nous concernent toujours) je vous encourage à consulter la radio en ligne NPR «Living on Earth» animé par Steeve Curwood. Aussi l’émission Quirks and Quark de CBC national radio:

      http://loe.org/shows/shows.html?programID=15-P13-00034
      http://www.cbc.ca/radio/quirks

    • M. Lutz,

      En effet, j’avais bien la même impression que vous en visionnant la présentation de Servigne. Il est devant un petit groupe, probablement de convertis, et représente ainsi notre expérience depuis longue date, soit une incapacité à attirer l’attention ni des décideurs ni même du grand public. Dans ce dernier cas, je constate que la «sensibilisation» réussit, mais avec un délai de 15-20 ans, et les interventions du moment – comme celle de Servigne – atteignent une faible proportion de la population.

      Je ne sais pas d’où vient votre question sur l’agriculture urbaine, et je n’ai pas vraiment pas de réponse. Dans la version préliminaire du chapitre sur l’économie sociale que j’ai mise en ligne récemment, on va un effort de décrire une sorte de «retour à la campagne» pour la production locale tout comme pour un renouveau des communautés rurales. J’ose croire que la transformation des pelouses et des jardins à fleurs – mentionnée par Servigne – ainsi que des approches comme la permaculture par la suite feront certainement partie de notre avenir.

      • Raymond Lutz

        Ma question sur l’agriculture urbaine provenait du lien donné par Mme Woods:
        « Resilience Alliance – HOME » où j’ai cliqué sur
        « seeds of good anthropocenes  » où j’ai cliqué sur
        « Lufa Farms » qui me ramène à Montréal!

        Je demandais donc votre opinion sur cette firme qui exploite des serres industrielles (pilotes?) sur des toits de Laval et d’Ahuntisic: http://lufa.com/en/our-farms.html ou à tout le moins si vous aviez une idée de la faisabilité pratique et à large échelle du concept.

        Voici la mienne, au pif: belle idée mais qui ne peut livrer dans les quantités nécessaires et fonctionnement tributaire de sources d’énergie cheap (pour le déploiement de l’infrastructure et l’opération).

        • Le site de la Resliance Alliance est parmi mes signets, et je le suis de temps en temps. Ici au Québec, un ami de longue date, Éric Duchemin, est à la tête d’un mouvement pour l’agriculture urbaine à Montréal qui mérite suivi, connaissant le jugement d’Éric.

          http://vertigo.hypotheses.org
          Lui est également éditeur du webzine Vertigo, parmi les sites que je recommande; Vertigo a fait un numéro spécial sur la question en 2010.
          http://vertigo.revues.org/9848

          Je n’ai pas vraiment d’idée pour Lufa Farms, mais j’ai peut-être quelques réticences concernant le modèle assez commercial.

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