Manifeste: élan global pour un nouveau modèle

Plusieurs signataires d’un Manifeste pour un (nouvel) élan global ont tenu une conférence de presse ce midi pour essayer de relancer des idées et des objectifs laissés peut-être trop dispersés, trop flous. Je n’y étais pas, mais je l’ai signé, parce qu’il va, dans toute sa rhétorique, dans presque la bonne direction.

Le Manifeste s’exprime en fonction de l’économie, sans bien cerner ce qui est en cause. On veut «écologiser» et «humaniser» cette économie, mais il n’y a pas de véritable vision de ce qui est en cause dans notre texte. Le Manifeste critique la croissance, mais surtout la croissance infinie et à tout prix. Il y a risque que la croissance anémique voulue – désespérément recherchée – par les élus de la planète soit celle jugée nécessaire pour l’effort de donner un nouvel élan à notre société. À tort.

En effet, le parti pris pour l’économie s’insère dans la volonté de «lancer un vaste chantier de développement véritablement durable, viable, juste et équitable», mais il est clair que les critères pour ce chantier, énoncés à même l’énoncé, doivent être respectés sans rester dans le flou de l’énoncé. C’est pourtant un nouvel élan global qui est nécessaire.

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Des précisions absolument nécessaires

La Manifeste prétend que les solutions existent, mais ne fournit aucune indication de celles-ci. Ce que nous disons est que nous devons agir dans l’espérance de pouvoir faire quelque chose, de nous tromper quant au destin que nous pensons voir se dessiner. Beaucoup de paroles frôlent la rhétorique, mais le fond et les constats sont assez solides : nous sommes dans la dèche, et devons agir.

Le seul élément précis du chemin pour l’action, partant d’une «noirceur nouvelle qui se répand», est l’objectif d’atteindre une réduction de notre consommation de pétrole de 50% d’ici 2030 et de couper nos liens avec le pétrole. Ce qu’il ne dit pas est que – à moins de poursuivre comme des enfants gâtées et ne voir que nos propres intérêts – cela est probablement la moitié de ce qui est requis. L’IRIS nous a déjà fourni l’objectif presque incontournable, une réduction de 40% de nos émissions d’ici 2020 et une baisse presque vertigineues par la suite.

Pour respecter son « espace atmosphérique », le Québec doit réduire ses émissions de CO2 de 3,6 % en moyenne, et cela pour chaque année entre 2000 et 2100. Cela implique une réduction de moitié des émissions dès 2025, par rapport au niveau de 2000. L’empreinte carbone du Québec devrait ensuite passer sous la barre des 20 Mt dès 2040.

Si on la compare avec les objectifs gouvernementaux actuels de réduction de GES, qui s’établissent à 25 % [maintenant 20 % HLM] de moins que le niveau de 1990 d’ici 2020, l’approche par budget carbone implique une action beaucoup plus ambitieuse, soit une cible de 40 % sous le niveau de 1990 d’ici 2020.

Cet élément plutôt défaillant du Manifeste, qui se veut ambitieux, donne une idée de l’ampleur de ce que nous y appelons «la transition». Déjà, le rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec a suggéré que le maximum que nous pourrons atteindre, avec une approche réaliste, est une réduction de 15 % en 2025…

L’élan global que nous recherchons comporte beaucoup plus que des changements dans nos relations avec l’énergie fossile. Il comporte des changements radicaux dans notre façon de vivre, dans notre consommation, dans notre reconnaissance de la situation vécue par les trois quarts de l’humanité. Le deuxième chapitre que j’ai écrit pour Les indignés pour mettre en relief les indicateurs qu’il nous faut comme guides met un accent sur l’empreinte écologique et l’Indice de progrès véritable. Il donne du mordant à la volonté de quiconque s’identifie comme «objecteur de conscience» dans le contexte actuel, qui exige davantage que l’on soit «objecteur de croissance».

Objecteurs de conscience, objecteurs de croissance

Le Manifeste réunit les objecteurs – de conscience, de croissance – qui en même temps signifient leur refus de l’abandon. J’y suis, mais mes co-signataires, pour plusieurs, n’ont pas d’idée de l’ampleur du défi. Ils signent en insistant qu’ils vont faire ce qu’il faut, et voilà l’intérêt. Maintenant, il faut commencer par dessiner le chemin. La première étape du parcours : le Conférence des parties à Paris en décembre. Il est écrit dans le ciel que les parties ne réussiront pas à s’entendre sur une programmation qui respectera ce que le GIEC nous dit est essentiel si nous n’allons pas céder notre espérance à l’incontournable.

Cela pose d’énormes défis pour le projet de «développement durable, viable, juste et équitable», expression où le Manifeste empile tout ce qui semble bon dans notre espérance. Par contre, le langage du Manifeste semble rejeter le discours lénifiant de l’économie verte, de la croissance verte, et voilà un fondement me permettant de signer. Le Manifeste prétend que notre territoire «regorge de sources d’énergies renouvelables», presque sûrement un élément fondamental pour le développement proposé dans la tête des rédacteurs, mais passe immédiatement à des objectifs de conservation. Le texte débute, par ailleurs, en insistant sur une situation où les ressources de la biosphère sont limitées et en déclin. Pour le répéter, il veut «créer un modèle de transition écologique» sans aucune précision quant à ce qui est en cause.

Le modèle de développement voudrait peut-être donc se fonder pour certains sur de nouveaux chantiers d’énergie renouvelable. Par contre, dans un contexte où les surplus sont prévisibles pour plus d’une décennie et où de tels chantiers élimineraient les fondements de la volonté de réduire la consommation d’énergie fossile – nécessaire pour de tels chantiers –, il va falloir beaucoup d’imagination pour montrer le caractère écologique et équitable d’une telle «transition».

Le Manifeste accepte l’imaginaire de la Révolution tranquille, contre l’IRIS dans Dépossession, et ils prônent même les objectifs de Brundtland comme si rien ne s’est passé depuis 25 ans : on doit procéder «à la construction d’une économie qui permettra l’amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en protégeant l’environnement». Ce sera une économie où on consommera moins et produira mieux, comme disait-Brundtland. Un regard approfondi sur le sens de l’élan global voulu suggère – montre – que la transition «révolutionnaire» ne pourra être tranquille.

L’espérance presque source de désespoir

À la lecture du Manifeste, je n’arrive pas à bien cerner la «pensée unique» et la «pensée magique» qu’il cible pour identifier le changement voulu, et ma principale crainte face aux initiateurs du Manifeste est que le flou du texte se maintienne dans un flou d’action et d’engagement.

Je n’aurais pas survécu mes décennies d’engagement dans de tels efforts si j’étais porté au désespoir et, pourquoi pas, à la dépression (comme celle subie par plusieurs amis). Reste qu’il est presque désespérant de voir les groupes environnementaux et sociaux maintenir le même discours qui les a animé pendant ces décennies et contourner la nécessité de voir la nouvelle situation en face. Et que dire des 100 000 personnes que le Manifeste veut réunir?

Le Manifeste ne propose rien qui puisse ressembler à des solutions, si ce n’est que le discours en place depuis déjà trop longtemps. Maintenant que c’est lancé, il nous faut connaître les solutions, et les mettre en oeuvre.

 

 

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22 Commentaires

  1. Phililppe Gauthier

    Oui, je partage vos réserves. Beaucoup d’écolos sous-estiment la difficulté de sortir du pétrole, pensant que le défi est d’ordre technique, alors que les ramifications sont d’abord et avant tout sociales – organisation physique des villes, réorganisation du travail, du mode de vie, etc. Plusieurs croient aussi qu’il est possible de faire cette transition sans renoncer à certains aspects de la civilisation industrielle.

    Il en résulte une situation ou ceux qui ne savent pas se lancent tête baissée – et avec peu de crédibilité – dans des projets dont ils sous-estiment la difficulté et les délais – tandis que ceux qui savent préfèrent se taire, de crainte de paraître pessimistes ou de faire peur au monde.

    Cela dit, l’initiative est sympathique et comme elle représente une évolution dans le bon sens, je vais l’appuyer, même si je n’y crois qu’à moitié. En termes de communication, toutefois, je trouve déjà que l’initiative est assez faible. En fait, elle ne propose rien de neuf – «sortir du pétrole» est un thème déjà vieux de 2-3 ans – et le plan de route est vague à souhait. De plus, les signataires sont les «suspects habituels» – il aurait fallu chercher des appuis supplémentaires dans les affaires et la politique.

    Mais laissons la chance au joueur, on verra bien où il se rendra.

  2. Paul Racicot

    J’ai signé le manifeste parce qu’il part d’«une bonne intention», comme on dit, celle de dénoncer le manque de cohérence de nos gouvernants, de notre politique énergétique en regard du réchauffement climatique. Le manifeste dit : WO-les-moteurs ! Le problème est que le manifeste ne propose aucune solution pour « sortir du pétrole ».

    «Aux grands maux, les grands moyens !» est-il dit. Le pétrole étant en majeure partie brûlé par le secteur des transports, il faudrait en FORCER l’électrification au maximum. Mais quel gouvernement voudrait s’y risquer ?!

    Il suffirait pourtant qu’une loi bannisse l’achat de tout véhicule neuf doté d’un moteur à explosion — hormis les tracteurs routiers que l’on pourrait encourager fortement à passer au méthane, hormis les équipements utilitaires dédiés à l’entretien des infrastructures ou à la construction, hormis les 4×4 dédiés « aux (seuls) gars de la construction », etc. Et que cette même loi force au retrait de la route tout véhicule individuel non électrique « x » années après de sa date de construction – hormis « les belles d’autrefois ». 😉 Standardiser, densifier et étendre le réseau de bornes de recharge rapide au plus vite est évidemment « un must ». Oui, je sais, produire des VÉ (et des hybrides) requiert pas mal de carbone (in et GES), mais au moins, nous importerions et brulerions moins de pétrole.

    Resterait à « travailler » l’inter-modalité pour en réduire le coût carbone…

    Reste aussi les cimenteries… et l’agriculture-élevage émettrice de GES. Modifier les habitudes alimentaires de nos concitoyens se révélerait sans doute encore plus difficile que de les faire passer aux véhicules électriques ou, disons, hybrides. 😉

  3. Marie

    Un changement comme celui-ci ne pourra se faire que sur le long terme et tous les citoyens doivent s’engager dans une telle démarche, ce qui est utopique. De plus, tant que nous vivrons dans le système libéral, rien ne bougera, et tant que nous voterons pour élire des représentants qui nous gouvernent durant quatre ans et que nous resterons à distance de leurs décisions et les subirons, nous tournerons en rond. Pour mettre en marche solidement la machine de transition, il faut l’engagement du citoyen à devenir objecteur de croissance comme vous le dites, et l’engagement à s’impliquer socialement dans un mode sociocratique, ce qui est loin, très loin d’être mis en place. Je pense que tout ce qu’on peut faire pour le moment, c’est : notre possible. De petits gestes qui, peut-être, finiront par grandir… J’ai signé le manifeste avec l’espoir que beaucoup, beaucoup de monde le signe… j’attends avec impatience l’engagement d’une majorité de citoyens québécois ; j’attends et j’espère.

    • Marie,

      Dans toute l’histoire humaine, le changement que le Manifeste devrait être en train de motiver en aurait été un de longue terme. Ce que j’essaie de souligner sans arrêt dans ce blogue est que la situation aujourd’hui est sans précédent dans l’histoire humaine. Nous sommes aujourd’hui trop nombreux et nous consommons (au sens large) trop, dans les deux cas, sans commune mesure avec le passé, n’importe quel passé. S’il ne s’avère pas possible d’effectuer le changement – la transition – rapidement, nous serons à la merci d’un changement imposé.

    • Prenez conscience que ce n’est pas ce que vous voulez, ni ce que vous pouvez qui prime, mais ce qui doit être fait. L’espèce humaine dispose d’un maximum de 10 ans pour tout changer les concepts et le fonctionnement de son environnement social. L’homme ne possède aucun pouvoir contre les lois immuables et intransgressibles de la nature et de la physique. S’il n’évolue pas, il disparaîtra car il est déjà sur la liste des espèces en péril…

  4. Phililppe Gauthier

    À voir avec quelle complaisante condescendance le Manifeste a été ignoré par les médias, la classe politique et la classe affairiste, je ne suis pas loin de croire à un pétard mouillé. Seule la manif du 11 à Québec présente encore quelque chance que la masse des Québécois en entende parler. Y serez-vous, monsieur Mead? Je dois tenter d’y retrouver quelques amis qui prévoient défiler avec Québec Solidaire.

    Sur le fond, j’ai l’impression que même le programme d’électrification forcée que propose Paul ne nous permettrait pas d’atteindre les objectifs mis de l’avant pas le Manifeste. L’électrification forcée – en plus d’être au-delà des moyens d’un très grand nombre de Québécois – ne réglerait pas les problèmes liés à la machinerie lourde, au transport par train (diesel), à l’usage des plastiques, des fibres synthétiques, du transport aérien, aux fertilisants chimiques… Le pétrole est partout et les substituts, pas toujours simples à mettre en oeuvre.

    Avec beaucoup de temps devant nous, tout ceci finirait sans doute par s’arranger, mais nous n’avons plus de temps, ce qui nous mène tout droit à l’effondrement. On voit celui-ci comme l’échec d’une politique de transition réussie. Mais Greer est d’avis contraire, l’effondrement, loin de représenter l’échec du processus de transition, EST lui-même le processus, probablement le seul possible. Les faits semblent lui donner raison.

    • Je ne serai pans à la manif du 11. J’ai des funérailles qui m’en empêchent. Reste que je n’étais pas sûr de vouloir y être. J’ai écrit un petit essai sur mes réflexions troubles à cet égard, que j’associe finalement à de la confusion – quand même mieux que la déprime ou le désespoir…

      Je termine le petit texte ainsi : [‘essaie de mettre mes énergies à ] le travail préparatoire à la transition, imposée ou planifiée. Je viens de mettre en ligne différents chapitres que j’ai écrits pour le livre du collectif que j’ai dû finalement abandonner. C’est sous Écrits : Les indignés sans projets? – des pistes pour le Québec. Je viens également de publier quatre articles sur le récent livre de l’IRIS, Dépossession: Une histoire économique du Québec contemporain où je souligne, après une lecture plutôt désappointée, que le collectif d’auteurs n’abordent presque pas un de leurs trois objectifs, les pistes de solution pour préparer la transition en fonction des analyses présentées et constituant les deux autres objectifs. Je suis prêt à aller à des manifs pour pousser en ce sens, comme je me préparais à m’associer aux pistes de solutions de l’IRIS, qui finalement n’étaient pas au rendez-vous.

  5. Eric

    Le manifeste est intéressant pour la visibilité qu’il pourrait donner au sujet et affirme la volonté de certains de sortir de l’aire du pétrole. Néanmoins, il est illusoire que l’on pourrait atteindre une cible comme 50% d’ici 2030. Un changement de cette ampleur ne pourra se faire qu’à travers des générations. De plus, de quel pétrole on parle? Juste celui qui sert au transport? En réalité le pétrole entre en jeu pour tout ce qui est manufacturé présentement. Même l’hydroélectricité ne peut fonctionner sans l’utilisation de produits pétroliers.
    Le fond du problème est d’avantage la consommation que l’utilisation de pétrole. Malheureusement, les gens ne seront pas prêts à faire des sacrifices basés sur des idées ou des risques de ce qui peut se produire. Il va falloir que ça fasse mal et assez pour que la survie (plus que le confort) soit menacée. Le changement nécessaire va au-delà de ne plus avoir d’auto à essence parce que construire des transports électriques et les maintenir demandent aussi du pétrole. C’est toute notre culture de consommation qui devra changer, l’organisation de nos villes, de notre travail. Et il faut arrêter de penser que le changement viendra du gouvernement.
    J’en suis à penser que lorsque les gens mourront en masse du manque de ressources et de la pollution que le vrai changement va s’opérer et la transformation en une humanité plus communautaire qu’individualiste va se faire. Ce changement va se faire avec une diminution de la population mondiale. Avant, ceci nourrissait mon désespoir, mais maintenant j’en suis à considérer ceci comme un passage obligatoire de l’humanité: on va pousser l’individualisme jusqu’à son apogée avant de passer à autre chose. Ceux qui auront survécu auront sans aucun doute les outils nécessaires pour continuer l’évolution de l’humanité.

    • Comme j’ai indiqué à Marie, cela ne prendra pas des générations parce que l’inertie dans notre système est tel que les changements (pas tout à fait une «transition» en douceur comme plusieurs l’espèrent) vont se faire assez rapidement. Je déjeunais ce matin avec un ami, et la discussion a porté un moment donné sur le fait que la moitié de toute la marchandise transportée sur les voies ferrées américaines est du charbon. Voilà une autre façon de reconnaître ce que vous mentionnez, que tout dépend dans notre vie actuelle d’énergie fossile (à noter que je ne comprends pas votre distinction entre consommation et utilisation, à cet égard).
      Je vais publier dimanche un article situant mon quatrième voyage en Chine, qui commencera lundi et j’y consacrerai un graphique sur des engagements récents de la Chine en matière de consommation de charbon, suivant un rapport de Greenpeace Asie de l’Est. Apparemment – ce sera à voir – la Chine est justement en train d’agir, sans les contraintes de l’opinion publique que vous mentionnez, mais en même temps, en tenant compte de l’opinion publique, qui n’accepte plus les risques associés à la pollution qua la population subit.
      Votre scénario passe assez proche de celui du Club de Rome dans Halte à la croissance que je mentionne régulièrement, sauf pour l’absence de référence à ce qui déclenche le processus, l’effondrement du système économique lui-même devant les difficultés associées à notre dépendance à des quantités excessives de ressources naturelles. Le déclin de la population humaine (contrairement aux projections de croissance démographique encore utilisées, et contrairement à votre idée que cela déclenchera le changement) constitue le dernier élément de l’effondrement, selon les projections.

  6. Phililppe Gauthier

    Je suis d’accord avec Harvey, le changement lent et progressif, par la persuasion des foules, tiendrait du miracle dans le contexte actuel. Nous n’avons plus de temps, l’effondrement est déjà presque sur nous, résultant des effets combiné des tendances énoncées dans Limits to Growth et des changements climatiques, dont les effets vont bientôt devenir intolérables.

    Comme le laisse entendre Greer, l’effondrement n’est pas l’échec d’un processus de décarbonisation et de simplification de nos sociétés: il est lui-même le processus, le seul praticable compte tenu du lock in technique, des résistances sociales, etc.

  7. Jocelyne Néron

    Que pensez-vous Monsieur Mead du plan de transition, Agir sur les changements climatiques, que propose le collectif de chercheurs canadiens ?
    http://www.sustainablecanadadialogues.ca/en/scd

    • Je ne crois pas avoir regardé ce travail. À mon retour de la Chine, je l’ajouterai à la mise à jour que j’entends faire du groupe de Jeremy Sachs, le tout en préparation pour COP21…

  8. L’Institut de recherche en architecture sociale durable (IRASD) travaille déjà sur ce nouveau modèle de société depuis 2 ans. Nos chercheurs observent et documentent les erreurs de stratégies comportementales humaines depuis 30 ans.

    Nos recherches visent à identifier des concepts et fonctionnements sociaux qui interagissent avec la nature humaine pour induire des stratégies comportementales psychosociales erronées.

    https://irasd.wordpress.com

  9. Jacques Laurin

    Je suis d’accord avec vos recherches, M. Brousseau, notre problème fondamental en est un de maturité, et donc de nature psychologique.

    Comme l’a écrit Sigmund Freud, « Si le développement de la civilisation montre une telle similitude avec le développement individuel et emploie les mêmes méthodes, ne sommes-nous pas justifiés d’en arriver au diagnostic selon lequel, sous l’influence de pressions culturelles, certaines civilisations – ou certaines époques de civilisation – voire l’ensemble de l’humanité – sont atteints de névrose ? »

    Et comme l’écrivait Paul Shepard, « …Évoquer la psychopathologie c’est se tourner vers la petite enfance, car la plupart des problèmes de santé mentale prennent racine dans les premières années de l’existence, leurs symptômes se manifestant plus tard sous forme d’immaturité. Le malade mental a typiquement des motivations infantiles et obéit à des perceptions et à des états d’esprit qui caricaturent ceux de la petite enfance. Parmi ces symptômes se retrouvent des comportements destructeurs à travers lesquels l’individu se réconcilie avec ses propres démons qui autrement le submergeraient. Remettre en question la logique avec laquelle il justifie son comportement revient à menacer les actes mêmes de défense qui le protègent face à un abîme terrifiant… » »…Eu égard à l’amplitude gigantesque de l’expérience et du temps humains, l’humanité historique a peut-être involontairement embrassé une époque pathologique comme le modèle de toute vie humaine. »

  10. Phililppe Gauthier

    Monsieur Brousseau, les idées de nouveau modèle de société ne manquent pas et je suis sûr que le vôtre est excellent. Le problème, bien sûr, consiste à les bâtir dans un monde qui n’est pas qu’indifférent: il résiste de toutes ses forces et va jusqu’à mettre des bâtons dans les roues.

    C’est là le coeur du problème!

  11. Harvey est toujours aussi juste et concret dans son blog. Je me suis laissée prendre à lire les commentaires de chacun et j’aimais cette discussion ouverte, franche. Oui nous sommes sur le bord de l’effondrement, les recherches nous l’indiquent clairement et le changement culturel nécessaire pour effectuer la transition qui urge risque de ne pas se faire à temps, ni sans grands bouleversements. Nous ne pouvons que préparer la suite, apprendre à faire sa bouffe, à jardiner, monter des serres, créer des cohabitats conviviales, partager, rouler en vélo, méditer, aimer. Je continue d’oeuvre en communications et je sors toujours un film ici et là pour renseigner, éveiller les conscience tel que Visionnaires planétaires, Anticosti : La chasse au pétrole extrême et maintenant je distribue L’Or du golfe. Mais je me dis qu’un jour il n’y aura plus les moyens pour même pratiquer mon métier de documentariste car il utilise des quantités incroyables d’énergie à travers les caméras, disques durs, etc. etc. qui changent aux 4 ans. Bon voyage en Chine Harvey et au plaisir de te revoir.

  12. Les influences néfastes des concepts et du fonctionnement de l’économie monétaire induisent des stratégies comportementales décisionnelles erronées chez l’espèce humaine.

    https://irasd.wordpress.com/

    « De nombreux signes laissent entrevoir que la crise du climat risque de ne pas faire exception à la règle: au lieu d’inspirer des politiques par lesquelles on pourrait prévenir un réchauffement désastreux ou protéger les populations d’inévitables catastrophes, cette crise pourrait elle aussi être utilisée pour allouer encore plus de ressources au «1 %». Cette tendance se manifeste déjà: partout dans le monde, on privatise des forêts communales pour en faire des fermes forestières ou des réserves écologiques permettant à leurs propriétaires d’accumuler des «crédits-carbone», une arnaque très lucrative sur laquelle je reviendrai plus loin. Il existe aussi un marché en plein essor dit des «dérivés climatiques» où des entreprises et des banques spéculent sur des épisodes météorologiques, traitant des catastrophes meurtrières comme s’il s’agissait d’une vulgaire partie de dés sur les tables de jeu de Las Vegas (de 2005 à 2006, le marché des dérivés climatiques a vu sa valeur presque quintupler, passant de 9,7 milliards à 45,2 milliards de dollars). Des firmes mondiales de réassurance font des profits qui se chiffrent en milliards en vendant entre autres des plans de protection à des pays en développement n’ayant pratiquement aucune responsabilité dans la crise du climat, mais dont les infrastructures sont éminemment vulnérables. »

    Extrait de: Klein, Naomi. « Tout peut changer. » Lux Éditeur, 2015-02-16.

  13. L’IRASD effectue précisément ces travaux…

    https://irasd.wordpress.com/

    « Le système actuel est conçu pour inventer de nouvelles façons de privatiser les biens communs et de mettre les catastrophes au service du profit; livré à lui-même, il n’est capable de rien d’autre. »

    « Nombre de gens hésitent de moins en moins à se dresser contre ceux qui profitent sans vergogne des crises pour piller le domaine public. Mais toutes ces manifestations ont aussi montré qu’il ne suffit pas de dire non. Pour être autre chose que des feux de paille, les mouvements d’opposition devront élaborer une vision globale et approfondie de ce qui devrait émerger pour remplacer ce système en déroute, et développer des stratégies politiques cohérentes et efficaces pour concrétiser leurs objectifs. »

    Extrait de: Klein, Naomi. « Tout peut changer. » Lux Éditeur, 2015-02-16.

  14. L’espèce humaine est-elle suffisamment évoluée?

    « Je suis convaincue que le dérèglement climatique représente une occasion historique à une échelle plus grande encore. Dans le cadre d’un projet de réduction des émissions de GES aux niveaux recommandés par de nombreux scientifiques, nous sommes en effet de nouveau en position de proposer des politiques susceptibles d’améliorer considérablement la vie de bien des gens, de diminuer l’écart entre riches et pauvres, de créer une multitude d’emplois dignes de ce nom et de régénérer les fondements de la démocratie. Loin d’entraîner un durcissement de la stratégie du choc, où l’accaparement des ressources et la répression atteindraient leur comble, la crise du climat pourrait susciter un sursaut citoyen, une secousse venue de la base, capable de répartir le pouvoir entre les mains du plus grand nombre et d’élargir considérablement le domaine des biens communs, lesquels cesseraient ainsi d’être vendus au plus offrant, morceau par morceau. Les stratèges du choc misent sur les situations de crise (tant réelles que forgées de toutes pièces) pour faire adopter des politiques exposant la population à de nouvelles crises; les transformations dont il est question dans ce livre auraient, elles, précisément l’effet inverse: elles s’attaqueraient à la racine du problème qui provoque des crises à répétition, et nous permettraient d’envisager des conditions climatiques plus hospitalières que celles vers lesquelles nous nous dirigeons, tout en dotant l’économie d’assises plus équitables.

    Toutefois, pour qu’une telle évolution puisse avoir lieu, c’est-à-dire pour qu’on puisse croire que la crise du climat est en mesure de nous transformer, il nous faudra d’abord cesser de détourner les yeux. »

    Extrait de: Klein, Naomi. « Tout peut changer. » Lux Éditeur, 2015-02-16.

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